Eglise de Sauchy-Lestrée

Le péril de l'église est double puisqu'il concerne le parement en briques qu'il faut stabiliser, ainsi que l'ossature en béton, qui doit être étanchéifiée. Le béton présente de nombreuses pathologies inquiétantes : fissures, manques, chutes, infiltrations d’eau, efflorescences salines et prolifération végétale. Les couvertures sont aussi en mauvais état. Les tuiles se soulèvent, se décrochent et se cassent, laissant l’eau s’infiltrer. Des colonies de lichens, mousses et algues se développent. Le système de collecte des eaux pluviales est à reprendre sur l’ensemble de l’église. La structure métallique de la charpente du beffroi est à un stade d’oxydation avancé. Les menuiseries sont vermoulues. La verrière monumentale de Gaudin - verrière et mosaïque en dalle de verre - ornant la façade occidentale est également dégradée : oxydation des armatures métalliques, détachement de plusieurs attaches, dégradation avancée de la structure bois support et oxydation des clous qui maintiennent la grille.

L’église est actuellement ouverte pour les offices mais aussi à l’occasion de visites privées, organisées à la demande et menées par Monsieur le Maire. La commune s’est lancée dans un vaste projet pour conserver et mettre en valeur son église remarquable. Restaurée, elle pourra s’inscrire dans un parcours de découverte ouvert sur l'international : tourisme mémoriel (cimetières militaires du Commonwealth) et patrimoine Art déco (« Printemps Art Déco » en lien avec l’Office du tourisme d’Arras).

Construite sous la direction de l'architecte parisien Léon Tissier entre 1931 et 1933, cette église s'inscrit dans un contexte de reconstruction et d'expérimentation stylistique dans les petites communes dévastées par la guerre et qui a fortement marqué la région durant l'entre-deux-guerres. Certaines de ces œuvres, souvent construites par des architectes de renom, sont remarquables en termes d’architecture et de technicité du fait du recours à des procédés modernes expérimentaux tels que des charpentes en béton. L'architecture de cet édifice est ainsi née de la symbiose entre un néoclassicisme influencé par un style Art déco très en vogue dans la capitale dans les années 1930 et un soupçon d'esprit régionaliste. Fruit de la coopération entre Tissier, Bouchard et Lalique, l’église est un écrin qui regorge d'œuvres exceptionnelles. Elle abrite notamment un chemin de croix en verre coulé dessiné par Henri Bouchard et réalisé par René Lalique, classé monument historique. La verrière du mur Ouest de la nef (christ en croix) est quant à elle l'œuvre du verrier Jean Gaudin et a fait l'objet d'une inscription. Plusieurs ouvrages sculptés qui faisaient partie de l'ancienne église sont également inscrits.