Eglise Saint-Pierre Saint-Paul de Santeuil

L’église présente aujourd’hui un état sanitaire très dégradé et reste fermée au public pour des raisons de sécurité. Les campagnes de travaux menées au cours du XXe siècle, désormais anciennes, ont parfois aggravé les désordres structurels et sanitaires, notamment à l’intérieur de l’édifice. Certaines interventions, comme le remplacement inadapté des pierres des piles de la nef, ont contribué à la fragilisation de l’ensemble.

L’église souffre de multiples pathologies : les couvertures en tuiles, en très mauvais état, présentent un risque de chute ; les pierres sont fortement dégradées, affectées par des phénomènes de desquamation, de pulvérisation et d’alvéolisation, allant jusqu’à la désagrégation de certaines surfaces réduites en poudre. L’humidité est également un facteur majeur de dégradation. Elle est favorisée par un mauvais drainage autour de l’édifice, qui est implanté en pente et partiellement enterré, entraînant d’importantes remontées capillaires.

Sur le plan structurel, la situation est préoccupante : la façade occidentale présente un dévers significatif, les voûtes de la nef et du transept sont fissurées, et le pignon du chœur est déformé

Les travaux à engager visent en priorité à répondre aux urgences sanitaires et structurelles : réfection des couvertures et des abords de l’église, réponse aux problématiques structurelles et restauration des maçonneries en pierre de taille. À cela s’ajoutent des objectifs fonctionnels et d’usage, tels que la restauration des espaces intérieurs et la remise en service des cloches du beffroi.

Implantée à la pointe d’un éperon rocheux, l’église de Santeuil se détache nettement dans le paysage, affirmant une présence monumentale. Classée Monument Historique dès 1894, elle figure parmi les exemples emblématiques des églises édifiées entre 1140 et 1152 par un cercle restreint de commanditaires locaux. Selon la tradition, cette série de constructions serait liée au vœu d’Agnès de Montfort, épouse du comte de Melan, formulé pour le retour sain et sauf de son mari parti en croisade.

L’édifice reflète une période charnière de l’histoire de France, marquée par l’essor du domaine royal aux dépens du duché de Normandie et du comté de Melan à l’aube du XIIIe siècle. L’église se distingue par l’harmonie de sa silhouette, qui associe un clocher roman typique de la région à une nef gothique d’influence française. Son architecture est remarquable par l’élancement de la nef et la générosité de la lumière naturelle, caractéristiques du premier gothique français en pleine expansion.

L’édifice constitue un élément mémoriel et identitaire fort pour la population locale, en plus de constituer un témoignage architectural remarquable à l’échelle régionale.

Le projet de restauration vise à redonner vie à cet édifice emblématique. Au-delà de la reprise du culte, il s’agit d’ouvrir l’église à de nouvelles fonctions culturelles et communautaires, afin qu’elle redevienne un lieu de rassemblement et de rayonnement pour le village. Faire résonner à nouveau les cloches de Santeuil, c’est raviver une part essentielle de son histoire et de son âme, et redonner à ce monument sa juste place au cœur de la vie locale.