La Cité de la Muette à Drancy

La résidence de la Cité Muette se trouve actuellement dans un état de péril alarmant. Ses façades sont sévèrement endommagées, tout comme les menuiseries spécifiques de Jean Prouvé. Les coursives sont dans un état de dégradation avancé, au point qu'un filet de sécurité a dû être installé. Sa conception d’origine ne répond plus aux besoins des ménages d’aujourd’hui : un manque de place conséquent est démontré.

Le programme des travaux pour l'ensemble de la résidence s'articule en 4 phases :

Dans un premier temps, des travaux intérieurs des logements et des communs débuteront par une mise en sécurité contre les incendies, la réfection des halls et des cages d’escaliers, la fusion des logements pour permettre la création de 40 logements de type T3 et des améliorations thermique et isolante.

Viendra ensuite la restauration des façades classées au titre des monuments historiques.

Le remplacement de la totalité des menuiseries extérieures (également protégées) par d’autres en acier dans les parties communes sera effectué dans un troisième temps.

Les travaux se termineront par la réfection de l’isolation et de l’étanchéité des toitures-terrasses.

L'édifice subsistant de la Cité de la Muette à Drancy incarne un précieux témoignage de l'histoire et de l'art du XXe siècle.

Commandé au 1929 aux architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods, 1 250 logements sont initialement prévus. Finalement, le projet est revu à la baisse et est approuvé pour 720 logements sur la commune de Drancy au lieu-dit « La Muette ». Les travaux débutent par les peignes et les tours en 1932, mais pour cause de récession économique, le U reste inachevé. En 1938-1939, seuls 12 logements de l’aile nord sont achevés. Malgré cela, cette réalisation architecturale et urbanistique majeure représente un jalon remarquable dans le développement de l'architecture moderne.

Son importance patrimoniale dépasse largement ses aspects esthétiques, car elle revêt une signification profonde en tant que haut lieu de mémoire nationale. Conçue pour loger à bon marché des familles de Drancy, les affres de l’histoire ont changé sa destination. En juin 1940, la cité est réquisitionnée par l’armée allemande : le U devient un camp d’internement et de transit avant la Déportation pour les prisonniers de guerre, puis pour les juifs. Cet édifice incarne les tragédies humaines vécues sous l’occupation nazie. Lors de la Libération en 1944, le camp de Drancy sert un temps à l’internement des collaborateurs.

Quelques années plus tard, il est question de réhabiliter la cité de la Muette pour accueillir, comme cela était initialement, les 368 logements loués à des familles. Les rénovations débutent dès 1955 avec la participation du concepteur d’origine, Marcel Lods : les travaux de ravalements remplacement les huisseries métalliques à la française projetées par Jean Prouvé en 1935 par des menuiseries en bois ; l’étanchéité est revue dans chaque appartement.

Témoin de l’histoire et la mémoire historique, un monument commémoratif par Schlomo Selinger est installé, premier élément mémoriel sur le site résidentiel. En 1980, un tunnel creusé par les prisonniers au départ du pignon de l’aile ouest est découvert. Un wagon de la déportation complète ces espaces mémoriels.

Classé monument historique, l'ensemble de l'édifice de la Cité de la Muette revêt une importance architecturale significative, particulièrement grâce à ses façades ornées des huisseries conçues par Prouvé. Les travaux envisagés visent à restaurer l'ensemble dans le plus grand respect de son apparence initiale, avec chaque modification soumise à l'approbation de l’ABF. Cette restauration minutieuse permettra de valoriser pleinement le caractère historique et architectural de ce site emblématique.