Le Wagon-restaurant de 1966 à Saint-Denis

Un premier constat est fait en juin 2022 à la suite d'un affaissement du sol, conséquence d’une absence de fondations. L'état général de la voiture est quelque peu dégradé : la caisse et certains éléments extérieurs sont oxydés, les baies et le vitrage sont à changer dans la totalité. La livrée colorée a perdu de son éclat.

Le projet de restauration consiste donc en la réparation de la carrosserie et la remise en peinture dans la livrée d’origine « Rouge Capitole à liséré argent ».

Dans les années 1960, la SNCF souhaite renouveler son parc de voitures-restaurants, acheté à la Compagne Internationale des Wagons-Lits qui exploite alors de nombreux trains de luxe, tel le mythique Orient-Express.

La voiture aujourd'hui stationnée à Saint-Denis (immatriculée VRU 001) est la première d’une série de 42 voitures-restaurants fabriquées par CIMT-Lorraine et Brissonneau & Lotz, entre 1966 et 1968. Elle est exposée en Gare de Maine-Montparnasse, dans une livrée “Bleu de Savoie”, en juin 1966.

Grâce au talent du designer Paul Arzens, trois des 42 voitures-restaurants (VRU 017, 018, 019) reçoivent la livrée « rouge Capitole ». Elles sont affectées au « Capitole », premier train rapide français pouvant rouler jusqu'à 200 km/h, mis en service le 28 mai 1967, entre Paris (gare d'Austerlitz) et Toulouse. Les autres VRU arborent une livrée rouge ordinaire. En cas d’indisponibilité d’un des trois restaurants « Capitole », deux VRU du parc de Paris-Masséna servent de réserve (avec vitesse limitée à 160 km/h) : les VRU 001 et 002. Dix ans plus tard, la VRU 001 est mutée dans l’Est vers l’Alsace, l’Allemagne et même la Suisse, voire dans le Nord vers Bruxelles. Après un dernier périple entre Paris et Lourdes, elle cesse de circuler en 1987 et est radiée en 1988.

L’aménagement est innovant et moderne : air conditionné, double-vitrage, suspensions et freinage autorisant une vitesse de 160 km/h. La cuisine est en acier inoxydable et la salle à manger peut accueillir 52 convives. Ce dispositif est en partie conservé aujourd’hui.

En 1991, la voiture VRU 001 est rachetée par le ministère de la Justice. Réaménagée pour devenir un restaurant d'insertion, il est le lieu de formation de jeunes au métier de la restauration et du service en salle. D'abord nommé "Le Rail d'Ouessant", c’est à partir de 2000 qu’il prendra le nom de “Le Wagon”. Le restaurant offre une cuisine de qualité dans un cadre original, avec un service haut de gamme. Une solide réputation lui permet d'être répertorié dans Le Petit Futé et Le Guide du Routard ; il fait vivre " les traditions gastronomiques françaises dans une ambiance de voyage", selon la brochure publicitaire de l'époque. Malgré le succès, le Wagon est contraint de fermer en 2006 et est vite laissé à l’abandon.

Une dynamique locale s’est déjà enclenchée avant le chantier de rénovation. L’association Les Dionysiaques imagine un café-restaurant culturel, permettant de réunir un quartier endormi, de se retrouver et de se réunir.

La réhabilitation est animée par de nombreux acteurs de tous horizons : du monde ferroviaire (SNCF eux-mêmes, des associations de cheminots, la revue « La Vie du Rail », etc.), des entreprises et des associations d’insertion de quartier Saint-Denis. De nombreux lycées techniques et professionnels du département se sont investis dans le projet à 100% : tant dans la restauration matérielle que dans la création d’évènements culturels (expositions photographiques, spectacle de son et lumière).