Le projet : sauvegarder un patrimoine remarquable de la Vallée du Cher
Située dans la Vallée du Cher, à proximité de Montrichard (et de son château), de Saint-Aignan (zoo de Beauval) et des châteaux de la Loire, l'église abbatiale Notre-Dame d’Aiguevive dresse vers le ciel, depuis plus de huit siècles, les cinquante mètres de son élégant clocher de pierre.
De cette l’ancienne abbaye du XIIe siècle (1147-1154), monument historique classé, subsiste l’abbatiale, le narthex ainsi qu’un des bâtiments conventuels transformé en grange agricole. Cette abbatiale de magnifiques proportions est encore en relativement bon état pour ses parties les plus précieuses (le porche, la croisée du transept, le choeur) et renferme encore des trésors (chapiteaux romans historiés, porche, voûtes, peintures murales, etc.) Elle a été peu remaniée, aussi présente-t-elle un intérêt historique et architectural important.
L’abbatiale a subi les outrages du temps: après la Révolution, la couverture de la nef a été vendue, ce qui a eu pour effet d’exposer les voûtes à la pluie et les a fait effondrer, entraînant une partie des arases des murs gouttereaux, la totalité des vitraux ont été brisés. Au sol les dalles de pierre ont été dérobées. La foudre a frappé le clocher en 1990, ce qui a endommagé sa structure en pierre. Aujourd’hui la nef est recouverte d’un parapluie qui a aussi le rôle d’étaiement des arcs de la nef. Le clocher est renforcé de l’intérieur par une structure métallique tubulaire.
Du point de vue de l’état sanitaire, le plus urgent est la flèche. Les consolidations et étaiements en place assurent sa stabilité. Les brèches consécutives au foudroiement, fermées en briques hourdées depuis l’intérieur, ont été enduites en 2000 à la nacelle et sont aujourd’hui étanches. En urgence, la couverture provisoire qui a été construite au-dessus de la nef doit être complétée, des gouttières rajoutées et un drainage effectué autour de l’édifice. La charpente du transept doit être en partie consolidée, la couverture en tuile partiellement reprise.
Le lieu et son histoire : Des bâtiments construits au XIIe siècle
En 1154, les moines de Belvau quittent leur résidence primitive pour se transporter à Aiguevive, aidés par les dons des seigneurs des alentours. Après la mort du dernier abbé régulier (en 1558), elle devient abbaye royale et le premier abbé « commendataire » dépensera les revenus de l’abbaye, laissant à peine aux religieux de quoi vivre et de quoi assurer l’entretien des bâtiments. En 1562, l’abbaye est pillée par les Huguenots. En 1590, le lieutenant‐général de Touraine, décide d’installer une petite garnison de neuf hommes, mais leur solde et l’entretien vont vite devenir une trop lourde charge pour le monastère ayant déjà des difficultés matérielles.
Le 18 octobre 1790, le dernier prieur est expulsé de l’abbaye. Le mobilier est vendu, les archives sont transférées dans le chartrier de l’église collégiale de St‐Aignan. L’année suivante sont mis en vente la maison conventuelle, l’abbatiale, le cloître et le « cabaret » proche de l’abbaye, où étaient reçus les pèlerins. L’ensemble est remis en vente en 1795. Le nouvel acquéreur démolit le cloître et vend les ardoises et les charpentes, les voûtes de pierre de la nef, ainsi livrées aux intempéries, devront être démolies vers 1840. En 1870, le propriétaire comte de Marolles a procédé à une réparation du clocher, à la réfection des toitures du croisillon nord et de celle du chœur.
Dès 1975, des campagnes de travaux bénévoles sont organisées sous l’égide de Jean Giraud, du « Cercle d’études romanes » de Paris. En 1990, il fallut renforcer la flèche foudroyée (du temps de M et Mme Lecomte propriétaires). Les nouveaux propriétaires ont acquis l’ensemble en 2006.
La Valorisation : un lieu de culture au cœur de la nature
La destination finale de l’ensemble est d’en faire un centre d’art (expositions, concerts) et de recherche.
Les bâtiments conventuels situés de l’autre côté de l’ancien cloître sont en cours de restauration ; dans un premier temps ils pourront recevoir 12 apprentis tailleurs de pierre en formation professionnelle. Dans un deuxième temps , cette unité d’hébergement pourra accueillir des artistes et/ ou des chercheurs en résidence. La grande salle du rez-de-chaussée pourra devenir atelier ou lieu d’exposition.
Le parc de l’abbatiale sera ouvert au public et pourra accueillir des œuvres éphémères ou permanentes de «land art». L’ensemble participera à l’offre culturelle de la région.
La Mission Patrimoine confiée à Stéphane Bern, déployée par la Fondation du patrimoine et soutenue par le ministère de la Culture et FDJ, contribue à la sauvegarde du patrimoine français dans toute sa diversité.
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