Un projet écologique ambitieux
La tourbière du Couty, aujourd’hui fortement dégradée, fait l’objet d’un ambitieux programme de restauration écologique piloté par le Conservatoire d’espaces naturels Rhône-Alpes. L’objectif : redonner à ce site exceptionnel ses fonctions naturelles, à la fois comme réservoir de biodiversité, régulateur d’eau, et puits de carbone.
Les travaux porteront sur plusieurs volets complémentaires. D’abord, combler les anciens drains creusés pour l’élevage, qui accélèrent aujourd’hui l’assèchement de la tourbe. Ensuite, rouvrir certains secteurs envahis par la végétation pour recréer des habitats favorables aux espèces spécifiques des milieux humides. La création de nouvelles mares viendra enrichir la mosaïque d’habitats et diversifier les conditions écologiques. Enfin, la réfection des clôtures permettra d’adapter le pâturage extensif, garantissant un entretien régulier sans pression excessive.
Une phase d’inventaire et de suivi écologique accompagnera ces travaux pour en mesurer les effets concrets : sur la qualité de l’eau, la flore, les amphibiens, les papillons ou encore les oiseaux. À terme, une gestion continue sur plusieurs années viendra stabiliser les résultats et assurer une dynamique écologique pérenne.
Le projet est porté par le Conservatoire d'espaces naturels Rhône-Alpes.
La plus vaste tourbière connue dans le département
La tourbière du Couty se situe à près de 1 000 mètres d’altitude, dans le Haut Beaujolais, au pied du massif de Saint-Rigaud – point culminant du département du Rhône. Elle est considérée comme la plus vaste tourbière connue dans le département, un écosystème rare et précieux à l’échelle régionale. De type « tourbière de pente », elle est alimentée par de nombreuses sources qui soutiennent un écoulement permanent, même en été.
Ce site attire depuis plus d’un siècle l’attention des naturalistes. En 1875 déjà, le botaniste Sargnon la mentionne dans un récit d’excursion, évoquant la richesse de sa flore humide. On y trouve encore aujourd’hui des espèces emblématiques des tourbières comme les sphaignes, la linaigrette, ou la drosera à feuilles rondes, petite plante carnivore. La faune est également remarquable, avec le lézard vivipare, plusieurs espèces d’amphibiens, et le papillon damier de la succise, rare et menacé à l’échelle nationale.
Mais cet équilibre ancien a été bouleversé. Comme beaucoup de zones humides, la tourbière a été modifiée par l’homme : des drains ont été creusés pour favoriser l’élevage, les forêts voisines ont été transformées en plantations résineuses modifiant le régime hydrique du bassin versant, et la déprise agricole a laissé place à une fermeture rapide des milieux ouverts. Le changement climatique accentue encore cette dynamique. La conséquence ? Un appauvrissement progressif du site, tant du point de vue écologique qu’hydrologique.
La mobilisation
Face à cette situation, le Conservatoire d’Espaces Naturels Rhône-Alpes agit. Une étude hydrologique complète, menée en 2022, a permis de définir les actions à mettre en œuvre avec précision. Le projet est aujourd’hui prêt à entrer en phase opérationnelle : plusieurs phases de suivis naturalistes sont également prévues avant et après les travaux, afin d’évaluer leur impact et de réajuster les pratiques de gestion si besoin. Une mobilisation locale et scientifique s’est engagée pour redonner vie à cet espace remarquable.