Manoir de Kerhos à Kerbors

Le site de Kerhos offre d’importants vestiges du manoir et de ses annexes, édifiées du XVème au XVIIIème siècle, et dont l’emplacement géographique idéal suppose une implantation stratégique plus ancienne. Au XVIIIème siècle, le manoir est déclassé devenant une métairie ou une ferme, et poursuit son déclin pour devenir une exploitation agricole aux finances maigres avant d’être racheté dans les années 1980 par un particulier qui réalisera d’importants travaux. Le bien est ensuite vendu en 1998 aux propriétaires que nous lui connaissons aujourd’hui.

Depuis plus de 30 ans, le manoir n’a pas fait l’objet de campagnes de travaux conséquentes. La partie la plus saine et sécurisée permet d’accueillir, sur la période des beaux jours, des touristes et petits séjours, assurant ainsi un revenu pour l’entretien courant minimal du lieu et le traitement des jardins, mais non suffisant pour réaliser les travaux d’envergures aujourd’hui indispensables à la conservation du lieu.

L’ensemble des bâtiments du site présente de lourdes pathologies. Les couvertures vétustes laissent pénétrer l’eau sur la charpente et dans les maçonneries. Ainsi toute la structure de l'édifice est fragilisée et de nombreuses fissures sont observées. La charpente et les planchers sont par ailleurs infectés d’insectes xylophages et attaqués par la mérule. L’état général des bâtiments est préoccupant : 8 grandes campagnes de travaux ont été définies au cours de l’étude diagnostic avec une priorité à donner aux communs et au logis.

Des travaux d’urgence vont donc être entrepris afin d’étayer et consolider les maçonneries affaiblies, traiter les bois et mettre hors d’eau hors d’air les communs, la tourelle et le logis. Les menuiseries extérieures du logis demandent à être remplacées puis les ouvrages en ferronneries, notamment la grille de protection XVIe nécessitent une restauration.

Le manoir de Kerhos est mentionné dès l’an 1330 lors des dépositions des témoins sur la vie de saint Yves réalisées à Tréguier, en vue de sa canonisation. La première déposition a été faite par le seigneur de Kerhos qui témoigne lui avoir enseigné le latin, la grammaire et le droit civil et l’avoir accueilli plusieurs fois chez lui à Kerhos lorsque Saint Yves était prêtre à Tréguier.

Bordé par sa forêt de châtaigner, l'ensemble manorial culmine l’entrée de la baie du Jaudy, offrant une vue directe sur l’embouchure de Tréguier. Le rôle premier de Kerhos aurait donc été d’y installer un guetteur pour permettre de surveiller les bateaux arrivant de l’ouest sur un très large horizon et ainsi contribuer à protéger l’un des 7 plus riches évêchés bretons.

Fort de son histoire directement liée aux seigneuries et à la paroisse de Kerbors, cet ensemble bâti présente les caractéristiques des manoirs bretons de l'époque, tant dans la composition que dans la distribution : isolé à l’écart des bourgs, composé d’un logis et de dépendances autour d’une cour centrale architecturée, associé à des aménagements hydrauliques et paysagers (terres, forêt et moulin).

L’association culturelle de Tréguier « Art, Culture et patrimoine » propose des visites commentées du site. Ce lieu est particulièrement convoité pour des manifestations locales. Il accueille régulièrement des évènements culturels de toutes natures : salon du livre, ateliers de peintures, conférences de philosophie, théâtre amateur. C’est également un lieu de passage du TRO BREIZ et du pèlerinage de Saint-Yves, grand saint patron de la Bretagne.

Aujourd’hui, Kerhos n’est plus ouvert au public pour des raisons de sécurité. Seule la réalisation des travaux de consolidation permettra d’accueillir de nouveau du public et de faire revivre ce lieu.