Un projet pour les mares franciliennes, au service de la nature et du climat
Un projet pour les mares franciliennes, au service de la nature et du climat (Description du site et intérêt patrimonial)
Depuis 2023, la Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN) pilote un programme ambitieux de restauration, de protection et de création de mares en Île-de-France. Ce projet répond à un double enjeu : enrayer l’érosion de la biodiversité et renforcer la résilience des écosystèmes face aux effets du changement climatique.
Les mares, qu’elles soient naturelles ou artificielles, sont des écosystèmes d’une richesse exceptionnelle. Elles abritent une faune et une flore spécifiques, parfois menacées, telles que le triton crêté (Triturus cristatus) ou la Leucorrhine à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis), toutes deux inscrites sur les listes rouges régionales. Ces milieux servent de refuges, de zones de reproduction et de nourrissage pour de nombreuses espèces sensibles aux perturbations environnementales.
Mais leur intérêt ne s’arrête pas à la biodiversité. Les mares jouent également un rôle fondamental dans la lutte contre le changement climatique : elles captent le carbone (jusqu’à 1 tonne par an pour une mare de 500 m²), atténuent les îlots de chaleur urbains, stockent l’eau douce et participent à la régulation hydrologique des territoires. Ce projet vise ainsi à restaurer leur fonctionnement écologique tout en les intégrant dans les trames vertes et bleues régionales.
Au croisement de l’écologie scientifique, de l’aménagement du territoire et de l’engagement citoyen, ce programme incarne une approche territoriale de la transition écologique. Il s’inscrit pleinement dans plusieurs Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment ceux liés à la vie aquatique (ODD 14), à la biodiversité terrestre (ODD 15), au climat (ODD 13), à la qualité de vie (ODD 3) et à la mobilisation des acteurs (ODD 17).
- 2022
Premières études préliminaires et diagnostics écologiques menés pour évaluer l’état des mares franciliennes et identifier les priorités d’intervention. Consultation des acteurs locaux et scientifiques pour définir les objectifs et la méthodologie du projet.
- 2023
En 2023, la SNPN, a officiellement lancé le programme, réalisé une cartographie des mares prioritaires, et créé l’Observatoire Participatif des Mares pour un suivi collaboratif de la biodiversité.
- 2024-2025
Déploiement à grande échelle des actions de restauration, création et animation participative.
- 2026
Suivi à long terme des indicateurs de biodiversité, climatiques et sociaux jusqu’en 2050.
Un patrimoine naturel en péril dans une région sous pression
L’Île-de-France, région la plus urbanisée de France, abrite un patrimoine naturel insoupçonné : près de 30 000 mares réparties entre zones rurales, périurbaines et urbaines. Héritées d’anciens usages agricoles, forestiers ou pastoraux, ces petites étendues d’eau ponctuaient autrefois les paysages, jouant un rôle écologique discret mais essentiel. Elles servaient d’abreuvoirs, de points d’irrigation ou de réserves pour la faune sauvage, tout en créant des îlots de biodiversité au sein d’un territoire en constante mutation.
Mais ce patrimoine s’est peu à peu effacé. L’expansion des infrastructures, l’artificialisation des sols et la disparition progressive des pratiques agroécologiques ont entraîné le comblement ou l’abandon de nombreuses mares. Aujourd’hui, près de 60 % d’entre elles sont en mauvais état écologique, déconnectées des corridors biologiques et incapables de remplir leurs fonctions essentielles.
Ce recul est d’autant plus préoccupant que la région francilienne est soumise à des pressions environnementales intenses : forte densité de population, augmentation des températures, multiplication des îlots de chaleur et tension croissante sur les ressources en eau. Dans ce contexte, les mares apparaissent comme des infrastructures naturelles de première importance, capables de restaurer la continuité écologique, de tempérer les effets du changement climatique et de réintroduire la nature au cœur des territoires habités.
Une mobilisation collective au service du vivant
Au cœur du programme, la mobilisation d’une grande diversité d’acteurs constitue l’un des fondements de sa réussite. Scientifiques, collectivités, associations locales, citoyens, institutions publiques et partenaires privés unissent leurs forces pour restaurer et préserver les mares franciliennes. Cette gouvernance ouverte permet d’ancrer le projet à la fois dans l’expertise, l’action locale et l’engagement sociétal.
La rigueur scientifique du programme est assurée grâce à des partenariats étroits avec des institutions de référence comme le Muséum national d’Histoire naturelle (UMS PatriNat), le CNRS (UMR PASSAGES), la Société Herpétologique de France (SHF) et l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE). Ces collaborations garantissent la qualité des protocoles de suivi, la robustesse des indicateurs de biodiversité et l’intégration du projet dans les grands dispositifs nationaux comme l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).
Les collectivités territoriales, comme la commune de Champlan, participent activement à la mise en œuvre des chantiers de restauration, à l’entretien des sites et à la sensibilisation des habitants. En parallèle, le programme s’appuie sur un réseau de mécènes et de financeurs engagés : le Ministère de la Transition écologique, l’Office français de la biodiversité, la Région Île-de-France, l’Agence de l’eau Seine-Normandie, ainsi que plusieurs fondations privées telles que Crédit Mutuel, Iris, Anyama ou Le Poids du Vivant.
Enfin, la participation citoyenne est au cœur de la démarche : chantiers participatifs, ateliers pédagogiques, observatoire des mares, animations et formations permettent aux habitants de s’approprier pleinement ce patrimoine naturel. Ce projet collectif dépasse ainsi la simple restauration écologique pour devenir un levier de cohésion, de sensibilisation et de réconciliation entre la société et son environnement.