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Camp des Hattes à Awala Yalimapo en Guyane

Participez à la conservation du Camp des Hattes à Awala Yalimapo, sélectionné par la Mission Patrimoine portée par Stéphane Bern en 2018.

Awala-Yalimapo - Guyane
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Le projet

Les deux anciens bâtiments du camp des Hattes sont devenus la propriété du Conseil Départemental après la fermeture du bagne et la départementalisation. Différents projets ont permis leur relative conservation plus d’un siècle après leur édification. Cependant leur altération s’est accélérée ces dernières années au point de les rendre hors d’usage. En 2014, la commune de Awala-Yalimapo a obtenu la cession des bâtiments et son assiette foncière. L’ancien bagne des Hattes, à savoir les bâtiments dits « gîte » et « écloserie », est inscrit en totalité au titre des Monuments Historiques, par arrêté du 13 mars 2015.

L’écloserie, abandonnée depuis le milieu des années 1990, est envahi par la végétation, les abeilles et les termites. L’état de vétusté du gîte s’accroît depuis son abandon au début des années 2000. Les bâtiments menaçant de ruine présente aujourd’hui un risque pour son intérêt architectural et un danger réel au regard de la sécurité des personnes (habitants, enfants, touristes). Des travaux d’urgence ont été réalisés sur le gîte en 2016 notamment par la pose d’une partie de la couverture, d’un sondage du sol et la clôture du bâtiment, en attendant la campagne de restauration.

Le lieu et son histoire

Le site des Hattes, à l’embouchure des fleuves Mana et Maroni, est précisément situé à Yalimapo, à environ 30 Km de Saint-Laurent du Maroni et 20 Km de Mana. Il représente un point important d’accès maritime aux deux fleuves. Bien que situé sur une aire géographique et culturelle amérindienne ancienne homogène, il constituera à partir du XVIème siècle un point de surveillance militaire frontalier sur un territoire devenu politiquement séparé par le fleuve Maroni, devenu colonie française et hollandaise.

Le camp des Hattes est implanté en 1858. Il s’agit d’un des plus anciens camps annexes du camp central de Saint-Laurent du Maroni. Il est initialement prévu, comme son nom l’indique, pour l’élevage extensif, en plus de sa vocation à recevoir les repris de justice en rupture de ban. En 1866 le poste est supprimé, mais dès 1870 un troupeau est réinstallé. La ménagerie prospère, avec un croit normal, comme nul part ailleurs en Guyane. Des missionaires jésuites sont présents dans les années 1860 comme aumôniers du bagne.

Le bâtiment de résidence de l’agent de culture des Hattes est démonté puis remonté en 1876 à Bourda, afin d’accueillir les Gouverneurs de la Guyane. Après 1900, le camp des Hattes assure une nouvelle fonction de « sanatorium ». C’est à cette période que les deux bâtiments toujours en élévation sont construits. Le premier est destiné au logement du commandant, le deuxième, plus au sud-ouest, à celui des surveillants. Ce deuxième édifice aurait servi d’infirmerie, selon des sources orales.

Le camp des Hattes a laissé sur 8 hectares de nombreux vestiges dont les relevés n’ont pas encore été réalisés à ce jour. Nous disposons cependant d’un plan de localisation et d’une étude réalisés par le service d’archéologie en 1998. Le « logement du commandant » et « l’infirmerie » sont les seuls encore en élévation parmi une dizaine de bâtiments contruits1. Aujourd’hui respectivement désignés « Gîte des Hattes » et « Ecloserie », ils ont fait l’objet de restaurations régulières et d’usages variés.

Vocation du site

Les deux édifices se trouvent aujourd’hui au cœur d’une réflexion concertée sur l’aménagement du village de Yalimapo, site dont le toponyme est attesté depuis le XVIe siècle, et dont l’attraction se vérifie chaque semaine à un flux croissant de visiteurs. La commune, labélisée Pays d’art et d’histoire avec le site de Galibi (Suriname) a identifié le bâtiment dit « gîte » comme futur Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine (CIAP) sous le nom de Maison des estuaires, du Pays d’art et d’histoire des estuaires Maroni-Mana. Il s’agit de créer un espace de ressources, de connaissance, et d’initiation au territoire, à son histoire et son patrimoine.

La maison des estuaires viendra compléter l’équipement existant : la médiathèque, la cyber base, le carbet communautaire, la salle polyvalente, mais aussi la maison de la réserve naturelle de l’Amana. Le programme architectural prévoit donc a priori de décliner les fonctions (expositions permanente/temporaires, documentation, ateliers pédagogiques, conférences, locaux du service) en plusieurs lieux et d’inciter à la circulation, à l’image de la manière d’habiter propre au pays des estuaires Maroni-Mana.

La mémoire collective met en évidence des relations entre le système pénitencier et les habitants qui le précèdent sur le territoire, fait largement négligé par les études historiques sur le bagne. Les deux édifices participent du maintien de cette histoire orale. D’un point de vue immatériel encore, la réappropriation locale des bâtiments de l’administration pénitentiaire par les habitants des villages de Yalimapo et de Awala contribue au réajustement d’une vision parfois trop cloisonnée de l’histoire sociale de la Guyane, et témoigne d’une histoire partagée. A l’intérêt proprement architectural des bâtiments s’ajoutent leur dimension historique, qui ne porte pas seulement sur le bagne à travers un des camps les plus remarquables et des moins connus, mais aussi sur l’histoire connectées entre agents, pénitents et autochtones. D’autres pages s’y donnent à lire, comme l’aventure scientifique, écologique et muséologique de « l’écloserie » entre 1980 et 1996.

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Mise à jour le 22/05/2024
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La Mission Patrimoine confiée à Stéphane Bern, déployée par la Fondation du patrimoine et soutenue par le ministère de la Culture et FDJ, contribue à la sauvegarde du patrimoine français dans toute sa diversité.

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